Prendre soin de soi avant de prendre soin des autres

(Partie 1)

Tous les experts psychiatres et psychologues s’accordent à dire que la COVID 19 laissera dans notre société des traces pendant des années. Outre les malades dont les soins ont été reprogrammé à une date ultérieure, les patients de la COVID 19 qui doucement se remettent des séquelles laissées par la maladie et qui durent pour certains pendant des mois, il y a ceux qui ont été épargné en surface…

C’est de ceux-là que je veux parler aujourd’hui car ce n’est pas parce que le mal est invisible qu’il n’a pas pris place dans l’organisme, dans le cerveau de la personne, bien souvent par le biais d’une forme de questionnement légitime sur la mort. Cette question a soigneusement été entretenu pendant des mois en annonçant chaque soir le nombre de décès…

“Ne sais-tu pas que la source de toutes les misères de l’homme, ce n’est pas la mort, mais la crainte de la mort ?” 

Epictète

"Entretiens"

Peut-on parler de malades ? Difficile de répondre mais la COVID19 a engendré une augmentation de la consommation des « béquilles » chimiques utilisées pour supporter une situation anxiogène, stressante et /ou pour combattre une déprime passagère. Bien sur il y a des personnes qui ont clairement franchi le pas et sont devenues dépressives. La dépression se caractérise par l’installation chez le patient d’un état d’anxiété et de déprime sur un laps de temps prolongé. Je n’en parlerai pas ici, mais j’invite toutes les personnes concernées par les signes avant-coureurs à consulter leur médecin ou un psychiatre seuls habilités à délivrer un diagnostic et des médicaments.

Mais comment différencier le stress qui peut être un moteur positif de la déprime ou de l’anxiété ?

Comment savoir si ma situation est passagère ou va durer ?

Que dois je dire, est ce un coup de stress insupportable et pourquoi ?

Je vous propose de définir rapidement les 3 éléments majeurs.

1. Les signaux d’alarme

C’est une bonne source d’énergie ! Le stress s’apparente à une relation de cause à effet : quelque chose se produit dans l’environnement et cela génère du stress. Le stress ne dure pas dans le temps, lorsque la cause du stress n’existe plus (du moins à un niveau générant ce stress) la tension interne que nous ressentons et nommons stress nous quitte.

Le stress va nous amener à prendre une action qui va transformer ce stress. Cela peut aller vers le succès ou l’échec.

Une autre forme d’un « mal être » et avant de devenir une « mal à dit » la déprime se caractérise par son caractère passager. Un coup de mou ou un coup de blues qui n’a pas vocation à s’installer chez la personne. Il pleut…je déprime ! Il ne pleut plus, j » vais mieux ! C’est juste une difficulté à accepter un état de fait qui ne dépend pas de nous. La déprime vient souvent par un déficit de production des hormones du plaisir Dopamine ou sérotonine. Généralement ce déficit est dû à une situation émotionnelle compliquée ou à des facteurs économiques financiers ou professionnels difficiles à gérer.

L’angoisse est une émotion secondaire ou un sentiment lié à la peur. La différence entre l’angoisse et l’anxiété est dans la variation d’intensité du phénomène et l’on parlera de crise d’angoisse (ou de crise de panique) qui vont pousser la personne à agir pour se libérer de cette peur. Bien sur la cause n’étant pas traitée, l’angoisse reviendra en vagues successives.

Contrairement au stress l’anxiété n’a pas de cause précise. C’est un sentiment une généralité liée à une cause non conscientisée ou vague. La formule du « ET si… » permet à un individu de construire dans son esprit une fiction généralement négative qui va engendrée un haut niveau d’anxiété sans que la personne sache quel « Et si… » est finalement la cause principale de son anxiété.

On peut toujours remplacer le « Et si… » par le « Oui mais si… » qui vient doucher les espoirs de jours meilleurs

2. Les symptômes avant-coureurs

Que vous ressentiez du stress négatif, de l’anxiété ou de la déprime, il y a des points communs plus ou moins visibles de l’extérieur qui sont de véritables alertes au niveau de Qualité de Vie en Entreprise mais qui vont débordés sur la vie privée faisant de la famille le réceptacle du mal-être.

Carl Jung nous a enseigné « Quand une situation intérieure n’est pas amenée à la conscience, elle se manifeste à l’extérieur, »

La moindre contrariété va déboucher sur une véritable crise au bureau ou à la maison bien souvent en accusant l’autre de faire exprès…La personne devient plus distante avec ses collègues qui seront bien souvent accusés d’être la source du mal-être

Le mal-être conduit à resasser seul dans son coin sur ses propres malheurs. Un collègue qui ne participe plus aux pauses café du groupe, un conjoint qui s’isole pour « bricoler » ou prendre l’air est un signe alarmant.

La communication de la personne qui émet des signes de détresse va souvent tourner autour de ses échecs qu’elle va ressasser tout en accusant une tierce personne pour ce résultat. Dans la sphère privée c’est le début des accusations « avec tout ce que j’ai fait pour toi » …

Il est connu que le chocolat noir est un anxiolytique naturel… tout comme les sucreries. Le sucre va générer la production de l’hormone du plaisir vous donnant l’impression fugace d’être bien !

Mais les kilos vont venir rapidement… Une étude après le premier confinement a montré que le poids moyen d’un adulte en France avait augmenté de 2,5 kilos en quelques mois.

Mais la relation à la nourriture peut être inverse. Moins se nourrir tout d’abord parce que l’on brule moins de calories mais surtout par ce que l’envie de se nourrir diminue. C’est une forme d’appel à l’aide mais qui reste bien trop peu perçue.

Nos émotions nous apportent continuellement des messages sur notre état. Une plus grande variabilité de nos émotions tout comme de brusque changements de notre état émotionnel doivent nous alerter. Pleurer plus souvent, sentir la colère monter plus régulièrement se sentit triste en permanence, voila des signes qui ne trompent pas

La perte d’envie est bien sur un signe qui apparait très vite. Pas envie d’aller en clientèle (retard et rendez-vous reportés), pas envie de sortir de voir du monde ou simplement de communiquer. Sans motivation une personne est victime d’apathie et n’agis plus…

Être fatigué(e) en permanence et malgré les nuits de sommeil. Avoir besoin de faire une pause plus longue après le repas. La qualité du sommeil est altérée par des pensées préoccupantes. De ce fait la fatigue s’installe et devient vite un fardeau.

Les difficultés pour s’endormir vont peu à peu devenir quotidiennes. Le « ET SI… » va prendre toute sa place et la succession d’évènements toujours plus sombres va vous conduire à l’insomnie. Les réveils en sueur au milieu de la nuit et les lever avant l’aurore complètent ce tableau subtil du manque de bon sommeil et donc explique la fatigue.

Autre indicateur qu’une personne est dans une situation de détresse, elle va plus ou moins consciemment se mettre en situation de danger pour elle mais aussi créer une situation de danger pour les autres. (Rouler trop vite en voiture, prendre le raccourci et risquer la mauvaise rencontre…)

Tous ces signes sont visibles chez une personne déprimée, anxieuse ou stressée. Pourtant ces appels à l’aide silencieux ne sont que trop rarement suivis de prise en charge. A cela deux raisons majeures pour moi

A/ Le lien social a été dépassé par l’individu-roi !

Je reviendrais sur cette thématique passionnante au cours des prochains mois mais la question est de savoir qui s’intéresse encore à l’autre dans notre société ?

Les professionnels de l’accompagnement, bien sur mais ils sont bien souvent professionnels de santé et je ne suis pas (ou je refuse) de me considérer malade. Les professionnels de la relation d’aide mais il faut pouvoir payer leurs services et bien souvent la déprime et l’anxiété prennent leurs sources dans une situation financière difficile.

Un service de l’entreprise RH CSE ou directement à son manager ? Cela est vu comme une prise de risque puisque l’entreprise développe la culture du résultat ! Oser dire que l’on ne se sent pas très bien dans sa vie c’est s’exposer à la mise au placard voire pire au départ de l’entreprise ce qui ne ferait qu’aggraver la situation.

Un numéro vert ? Hormis cette période particulière que nous traversons, il existe 9 associations distinctes vers lesquelles orienter les personnes déprimées. Vous le saviez ? Je l’ignorais tant elles ne sont pas réellement connues du grand public.

Vos voisins votre famille ? Plus on monte dans les CSP moins les relations familiales sont suivies ! Celles-ci sont compensées par des relations amicales ou de voisinage. (Source bulletin INED 578 de juin 2020)

Connaissez-vous vos voisins ?

L’INED a publié en juin 2020 un comparatif sur les relations de voisinage avant et pendant la crise sanitaire (1ER confinement) Les résultats montrent que moins de la moitié (46%) des personnes déclarent avoir reçu ou donné un service à leur voisin (sans changement avant le confinement). Echanger des services ne permet pas d’échapper au sentiment d’isolement ressenti par la population. Ce taux de sentiment d’isolement est passé de 16% à 38 % avec le premier confinement et je doute qu’il soit descendu avec les confinements suivants bien au contraire.

B/ C’est à chacun d’oser faire appel à une aide extérieure

C’est vrai, chacun de nous a la possibilité de faire appel à une autre personne pour l’aider à traverser un moment de vie compliqué. (Psychologue, coach ou praticien de la relation d’aide)

Mais c’est oublier l’importance des messages contraignants que nous avons reçu dans notre petite enfance. Entre le « Sois fort » qui pousse la personne à ne pas demander d’aide et à masquer ses émotions, le « sois Parfait » qui va nous amener dans le déni de notre propre situation psychologique à grand renfort de « Je vais bien, tout va bien » le « Dépêches toi » qui nous fait dire que cela va passer que cette fatigue ne va pas durer…, le « fais un effort » qui va nous pousser à ne montrer que notre coté pile, celui qui nous fait tenir et bien évidemment le « Fais plaisir » dont les personnes qui ont grandi avec ont pris l’habitude de faire passer les autres avant leurs priorités.

Bien sur ces messages contraignants ont des aspects positifs sur nos comportements du moins dans certaines situations mais je choisis volontairement les conséquences néfastes et fortes pour soutenir mon propos.

Alors plutôt que de se tourner vers l’autre, l’individu va choisir une autre « béquille » accessible même si elle est onéreuse, elle pourra être accessible directement sans avoir à passer par le filtre médical.

1. Ces béquilles qui n'en sont pas !

“Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas,
c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles”

Epictète

Puisque demander de l’aide est une tache difficile, il est courant que la personne déprimée ou anxieuse se tourne vers une « béquille » à sa portée.

Chocolat ou sucrerie pour combler un vide en soi qui conduira la personne à ne plus aimer son corps et l’image de soi qu’il véhicule. Pourront s’ensuivre des périodes de dérèglements alimentaires anorexie ou boulimie en étant les formes les plus connues.

Le verre d’alcool qui vient agir comme un anxiolytique avant de devenir une habitude qui ne peut pas faire de mal… Et pourtant nous sommes à 30 000 décès directement imputables à une consommation compulsive en France. Le premier confinement a vu la consommation à domicile grimper de 14% en France… Il n’y a plus que les plus optimistes pour argumenter que cela ne comble pas la baisse des consommations en Cafés et restaurants. Seul inconvénient de cette comparaison hasardeuse, le buveur social n’est pas le buveur dans son salon !
Que ce soit celui de votre téléphone ou celui de votre ordinateur, l’écran permet de voyager. Il fait oublier l’anxiété car en cherchant et en y passant la nuit s’il le faut, vous allez pouvoir vous rassurer. Peu importe que l’information soit fausse ou véridique, l’important est de répondre à ce vide qui est en vous, qui vous ronge de l’intérieur.

Bien sur le tabac que l’on fume pour paraître plus grand que son âge ou que l’on prend pour faire partie du groupe au collège… Cette addiction va s’installer et les nombreux fumeurs dépendants qui me lisent savent à quel point il est difficile de s’arrêter. Qu’il est loin le temps ou vous fumiez pour faire partie de la « bande » ou pouvoir paraitre un peu plus âgé (e). Aujourd’hui et malgré vos promesses, vous fumez toujours !

Le piège parfait pour celle ou celui qui doit « surperformer » ! La cocaïne permet d’enchainer les réunions les rendez-vous pendant des heures sans avoir l’impression de fatiguer et en gardant un pouvoir de créativité au sommet ! Les autres drogues, cannabis en premier, ont également des vertus notamment dans le fait de paraître plus sur de soi, de pouvoir s’évader de son quotidien… Je reviendrai sur les effets du cannabis à long terme.

Eh oui, lui aussi peut être un refuge à votre mal-être. Alors que la libido diminue lorsque l’anxiété et la déprime augmentent, le phénomène compulsif d’ordre sexuel peut devenir le seul terrain d’expression. Loin des clichés c’est un comportement

Je développerai le mois prochain le principe de l’addiction et comment une béquille empruntée pour surmonter une difficulté passagère peut s’avérer devenir un boulet particulièrement difficile à trainer.

2. Ces aides qui fonctionnent

C’est tout de même la première personne vers laquelle se tourner lorsque vous « sentez « que vous n’allez pas bien. Tenu au secret il sera une oreille attentive et vous orientera vers un autre professionnel de santé le cas échéant. (Psychiatre, addictologue…) Seul le corps médical peut prescrire des médicaments de différents types anxiolytiques ou anti-dépresseurs.

Cette profession n’est réglementée que depuis 2010 ce qui entraine encore une confusion chez les personnes qui vont consulter. Un psychologue par une formation courte devenir psychothérapeute. Cependant pour devenir psychothérapeute, il faut maintenant une formation universitaire de 200 à 400 heures et la validation d’un stage pratique. Les consultations vont aller à la recherche des origines du mal être pour les traiter. Les causes profondes liées à des traumatismes vécus dans l’enfance ou l’adolescence peuvent être enfouies au point que le patient va parler d’oubli. Cet oubli est une protection pour assurer la survie de l’individu traumatisé.

Non, vous ne rêvez pas !… Dans les faits, parler de sa souffrance interne expliquer ce que l’on ressent c’est accepter que l’on ne soit pas au mieux avec soi-même. J’ai remarqué que parler de ses difficultés à une personne de confiance permet de se libérer du poids de son mal-être. Après tout, si cela peut éviter que le mal ne progresse et aboutisse à vous rendre en situation de dépression. Une fois ce stade atteint, seul un médecin pourra vous aider.

C’est en fonction de son soi, de la situation que l’on traverse, de ses possibilités de communication mais aussi de l’ampleur des émotions ressenties et du mal-être généré que vous pourrez faire votre choix de solutions qui fonctionnent.

Voir un ou une amie n’empêche pas la mise en place d’une psychothérapie qui durera quelques années. C’est en fonction de vos souhaits d’évolution que vous irez voir un coach qui vous guidera vers un professionnel de santé le cas échéant.

Diplômés d’un Master 2 ces professionnels s’il ne sont pas médecin pourront vous proposer un accompagnement psychologique s’ils sont également psychothérapeute. C’est très souvent le cas pour les psychologues établis avant 2010 et qui

Le coaching est une solution nouvelle et une profession qui est en pleine mutation pour se professionnaliser. Le Coaching est une évolution pour atteindre un objectif qui a été contractualisé et qui est atteignable sur une durée de 6 mois environ. Le coaching part d’une situation présente et conduit vers une situation souhaitée, le client libérant au fur et à mesure des séances son potentiel.

Bien choisir son ou sa coach est essentiel ! Assurez-vous que celui-ci ou celle là est membre de l’une des trois organisation professionnelle ICF EMCC SFCOACH qui délivrent suivant l’expérience des coachs des repères de pratiques. Un coach est également supervisé ce qui est un point commun avec les psychothérapeutes avec lesquels il ou elle travaille de concert dans l’intérêt du client.

L’intérêt d’un coach est qu’il ou elle vous permettra d’évacuer par vous-même les fausses croyances qui vous limitent dans votre vie, il ou elle vous permettra également de mieux comprendre votre propre fonctionnement et vos besoins de communication.

Forme géométrique 3 - Ornements

L’essentiel est de trouver l’aide nécessaire pour aborder votre situation en toute confiance. Le mois prochain, je développerai ce qui se passe lorsque vous restez avec votre mal-être et choisissez de vous orienter vers des béquilles qui finiront en boulet.

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