Le stoïcisme, une philosophie
mise en pratique chaque jour.

La quête des stoïciens se fondait sur la « tranquillité de l’esprit » et la « vertu » comme morale dans le but de « vivre en accord avec la Nature ».
La vertu stoïcienne reprend les vertus cardinales définies par Aristote qui sont La tempérance le courage, la sagesse, et la justice. Je ne parle pas de bonheur mais d’agir en accord avec ses principes pour trouver la paix intérieure.

La « tranquillité de l’esprit » est la recherche de la tranquillité intellectuelle qui nécessite de se préparer au pire pour accepter ce qui arrive tout en travaillant sur ses « vertus » (comprendre ses capacités à mettre en actes les valeurs morales) pour faire de sa vie une richesse.

La philosophie stoïcienne est encadrée par des piliers qui forment les bases de la connaissance

1/ La Physique

Les textes parlent des « lois de la Nature » et c’est devant ce que cela peut représenter que les avis vont diverger.
La première loi de la Nature est celle du changement perpétuel.
Le jour suit la nuit tout comme l’eau se transforme en vapeur ou en glace en fonction d’éléments extérieurs que nous ne contrôlons pas. Il en va de même pour la vie qui est tôt ou tard suivie par la mort. Chaque chose dans notre univers est présent pour
une raison c’est ce que les Stoïciens appelaient l’Ordre Universel.
Bien entendu chaque être humain trouve sa place dans cet ordre des choses comme la totalité de
ce qui nous entoure. Il n’y a aucune place pour le hasard et en ce qui me concerne cela me convient.

2/La logique

Pour les stoïciens la logique est formée par le raisonnement. Très concrètement il s’agit là de visualiser les conséquences d’un acte et de se préparer aux pires solutions comme aux meilleures. Cet exercice de l’esprit permet par ailleurs de mieux
cerner sa responsabilité individuelle dans ses actes et ses mots. Bien entendu, cela implique de prendre en compte comment mes paroles vont être perçues par mon interlocuteur sachant que je ne cherche pas à le convaincre mais à lui donner des éléments pour alimenter sa réflexion tout en me préparant à ne pas être dépassé par mes (et ses) émotions ou mes (et ses) pensées sur lesquelles je n’ai pas de prise. Forme de tolérance qui semble avoir disparu de notre vocabulaire et remplacée par le fait d’avoir raison ce qui pour un stoïcien n’est ni bon ni mauvais mais juste un état.

3/L’éthique

Plutôt que de donner une définition il s’agit-là de mettre en pratique les vertus définies dans la Grèce antique comme étant les « vertus cardinales » Au-delà de ses valeurs chacun est libre d’ajouter les vertus qu’il pratique chaque jour, dans les faits la vertu est de faire que les gestes correspondent à ses mots donc agir selon sa pensée et ses ressentis. Cela n’empêcha nullement les luttes de pouvoir ou les conquêtes de territoires y compris par la force.

La tempérance qui est le fait de limiter ses plaisirs en particulier dans la nourriture l’alcool…. La tempérance est également appliquée aux propos tenus qui ne vont jamais dans les excès.

La justice qui est plus une forme d’équité qu’une forme d’égalité y compris dans le traitement réservé à ses « ennemis » La modération en toutes choses est une règle de vie qui n’a rien perdu de sa vérité bien au contraire !

Le courage, tel que nous l’avons vu dans la mensuelle du mois dernier. C’est aussi la faculté de se remettre en cause, de ne rien tenir pour acquis.

La prudence. Cette prudence consiste à émettre une opinion qui est sa vérité mais de ne pas juger la vérité de son interlocuteur. De même, mes mots sont posés et non agressivement lancés à la face de mon interlocuteur.

Pour s’entrainer chaque jour à devenir de meilleurs hommes, les stoïciens ont inventé des exercices qui les suivaient du matin au soir. Je vous livre les principaux car ils éclairent la conduite que j’essaie de suivre depuis 6 ans.
Je ne suis pas pour autant un stoïcien à part entière.
J’ai juste découvert ce courant philosophique dans un moment difficile de mon existence et j’y ai puisé la force de me réinventer.

Les exercices du Matins

Il s’agit d’abord de poser une intention avant que ne débute la journée.
Dans son livre « Pensées pour moi même », Marc-Aurèle rappelle la nécessité de questionner le sens de nos actions :

“C’est pour faire œuvre d’homme que je m’éveille ”

Se poser la question du « pourquoi », c’est convoquer la finalité que nous nous sommes fixés :

“ Que me manque-t-il pour m’élever au-dessus de toutes les passions, au-dessus de tous les troubles ? ”
(Epictète, Entretiens, Livre VI).

Donc, activer le levier de notre volonté à accomplir ce que nous n’avons pas manqué de noter sur notre « To Do List »

Ensuite, on passe à l’exercice d’anticipation en deux phases.

La première, consiste à visualiser mentalement les étapes de son emploi du temps, avec en ligne de mire ce que Marc-Aurèle appelle notre « principe directeur » et que
je résumerai en notre « Mission de Vie » ou IKIGAI. Et qui consiste en ce pour quoi vous vous levez chaque matin !

La seconde, implique de prévoir les difficultés à rencontrer au cours de la journée

“ Tout ce que je suis, c’est une chair avec un souffle et un principe directeur ”
(Pensées sur moi-même. Marc Aurèle)

“ Se dire dès l’aurore : Je vais rencontrer un indiscret, un ingrat, un violent, un perfide, un arrogant.”
(Pensées II, I).

Le but ? S’y préparer pour, non pas réagir quand elles se présenteront, mais s’en servir comme opportunité d’apprentissage sur soi et sa capacité à faire face à une adversité.

La poursuite dans la journée

Il ne servirait à rien de faire de belles déclarations au réveil pour les oublier ensuite !
C’est donc tout au long de la journée que nous pouvons mettre en pratique cette philosophie.

Une première attitude repose sur la vigilance.

Elle consiste à conserver l’accord entre ses actes et ses pensées :

“ Comme, en te promenant, tu prends bien garde de ne pas marcher sur un clou, et de ne pas te donner une entorse, prends garde de même de ne pas blesser la partie maîtresse de toi-même, la raison qui te conduit. ”
(Epictète Manuel, LXIV)

C’est donc une discipline de chaque instant, où l'attention vers le moment présent est la clé. Face aux désirs et aux craintes, Epictète exhortait à se comporter à la manière des sentinelles :

“ Les sentinelles demandent le mot du guet à tous ceux qui approchent. Fais de même, demande le mot du guet à tout ce qui se présente à ton imagination, et tu ne seras jamais surpris. ”
(Epictète Manuel, XXVII).

Vous vous posez peut-être la question des maximes stoïciennes que l’on voit fleurir sur les réseaux sociaux.
Dans la pratique, il est recommandé de méditer ces maximes au cours de la journée.
Elles agissent aussi bien en prévention de débordements assez fréquents en début de pratique qu’en venant consolider des comportements en phase avec les idées véhiculées. Chacun peut bien sûr établir sa propre liste de maximes préférées.
Voici certaines des miennes.

“ Nous appréhendons davantage l’opinion de nos voisins sur ce que nous sommes que celles que nous portons sur nous-même. Rejetez l’opinion et vous serez sauvé de la peur des autres. ”
(Marc Aurèle)

“ Ce qui tourmente les hommes, ce n’est pas la réalité, mais les jugements qu’ils portent sur elle.”
(Épictète)

“ Le vrai bonheur ne cherche pas à l’extérieur ses éléments : c’est en nous que nous le cultivons ; c’est de lui-même qu’il sort tout entier. On tombe à la merci de la Fortune, dès qu’on cherche au dehors quelque part de soi.”
(Sénèque)

Les exercices du soir

La journée se termine sur une méditation du soir, qui est l’occasion de revenir sur la
journée en se demandant ce qu’on a fait de bien (s’en féliciter) ou de mal (en prendre
note) et pourquoi ; c’est aussi l’occasion de se demander ce qu’on a omis de faire et
pourquoi. Et de tirer de tout cela des leçons.
La méditation du soir sert également à prévoir la journée du lendemain en tenant
compte bien sur de ses incertitudes et des éléments qui dépendent ou non de notre
volonté.

L’ensemble de ce temps passé sur les différents exercices prend environ 45 minutes  dans une journée… C’est peu pour le confort de vie que cela peut apporter. Je ne dis pas que le stoïcisme règle les divers problèmes de la vie de tous les jours. Mais si je fais le tri de mes réels problèmes (ceux sur lesquels je peux agir) ma journée me parait bien plus facile… confinement ou pas !

Quelles applications possibles dans le monde moderne

Si les Stoïciens ont disparu avec l’assassinat de Marc Aurèle, leur philosophie a continué de vivre et à inspirer de nombreux philosophes, des écrivains et des penseurs modernes.
Certains ont même permis de redécouvrir sous un autre nom une façon de vivre directement issue des principes stoïciens.
Devons nous les remercier de ne pas citer leurs sources ou dénoncer un pillage moral ?
Une chose est pour moi certaine, nous vivons depuis une quarantaine d’années une concentration des richesses mises entre les mains d’un groupe d’individu qui se livrent une lutte sans merci pour avoir plus. La crise pétrolière de 1973, l'excès dans l'utilisation de richesses à venir (emprunt) pour financer des acquisitions puis l’arrivée d’une économie numérique qui a redistribuée les cartes n’ont fait qu’aggraver les inégalités et la morale qui autrefois régissait les accords entre les Hommes est devenue instrument de contrôle lorsqu’elle n’a pas disparue.

Notre futur sera un retour aux sources, un retour vers la sagesse et la modération.
Plus que jamais les Vertus Cardinales devront être notre quotidien et ce mouvement est en marche. Le stoïcisme est reconnu comme une des sources d’inspiration des thérapies cognitives comportementales (TCC), un des outils parmi les plus efficaces de la trousse des psychothérapeutes. Aborder un Coaching avec cet outil en toile de fond me permet également de conserver la distance nécessaire mais plus encore il facilite les processus de changements pour mon client.

Enfin et en guise de conclusion je vous invite à la prochaine

grande réunion des stoïciens francophones

Cette « STOICON-X » organisée par l’association Stoa Gallica a pour Titre cette année : Vies professionnelle et personnelle : évaluer les difficultés avec discernement.
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