« Ce que je sais, c’est que je ne sais rien » Attribué à Socrate

En décembre... On Joue !

Ouverture au questionnement socratique et à une grande partie de la philosophie, cette petite phrase a été pour moi une remise en question.
L’humilité dans la connaissance (de soi ou de son sujet d’expertise) est une qualité qui permet à la personne de toujours pouvoir progresser.
Mon but est bien celui là et je vous invite à faire ce petit bout de chemin ensemble.

Pour le mois de décembre, j’ai choisi de revenir sur deux outils utilisés en formation et en accompagnement.
Le processus d’apprentissage en 4 étapes développé en 1969 par Martin M. Broadwell, formateur en gestion.
Il a été modélisé en 1973 et est depuis considéré comme le modèle d’apprentissage d’une compétence.
La taxonomie de Bloom
utilisée pour observer les différents verbes d’action selon le niveau de
compétences que vous souhaitez obtenir (dans le cadre d’une formation) ou que vous possédez.

Longtemps attribuée à Abraham Maslow auteur de la célèbre pyramide des besoins c’est en fait un formateur en gestion qui a décrypté les étapes de l’acquisition de compétences et mis sur pied le modèle des phases d’apprentissage pour passer d’un stade d’incompétence inconsciente qui n’est pas un frein en soit à une phase de compétence inconsciente qui est une maitrise totale du sujet allant parfois jusqu’à l’impossibilité de transmettre les compétences.

Regrouper ces deux travaux au sein d’un article me parait utile à la réflexion et à l’écoute de vos interlocuteurs.

1/ Incompétence inconsciente

Vous ne savez pas que vous ne savez pas, mais cela n’est pas un frein ! Vous avez un avis et vous avez confiance en vous, donc votre avis est une vérité… C’est en fait une croyance mais votre cerveau est rassuré ! Bien entendu j’exclus ici l’ensembles des connaissances acquises lors de notre éducation, de nos études ou formations dont nous verrons en seconde partie que le niveau n’est pas simplement une affaire de diplômes. La majorité d’entre nous avons ces compétences naturelles sans savoir que nous ne savons pas ! A Chaque crise, nous découvrons des milliers de « spécialistes » que cela soit dans le domaine sanitaire ou plus récemment dans le domaine géopolitique ou à propos du climat. Nos connaissances viennent de sources d’informations et non de de sources de savoirs et nos avis sont très fortement ancrés en nous. Nous avons pour vivre besoin de croire cela alimente notre cerveau crée des émotions et finalement nous conduit à l’action. C’est un point très important et je reviendrai là-dessus dans les prochains mois car pour moi, c’est l’une des sources de la crise sociétale que nous vivons. Ce n’est pas dû à notre ignorance, mais à l’inconfort que représente la remise en cause de nos croyances.

Quelques exemples pour illustrer cette situation :

Je suis sur un bateau et je ne sais pas nager, un ami me dit de sauter pour sauver une femme de la noyade, confiant je m’exécute et je me noie ! Je ne savais pas qu’il fallait savoir nager pour aller dans l’eau.
Ecoutez les conversations lorsque l’équipe de France de Foot perd un match ! Nous avons des millions de sélectionneurs qui réorganisent le cours du jeu ce qui aurait sans aucun doute changer le cours du match.
Enfin mon dernier exemple est professionnel, j’utilise Excel comme fichier client et CRM et à chaque fois que j’envoie un mail à un prospect je le note dans une colonne dédiée.

La plupart du temps nous restons dans ce paradoxe de l’incompétent parce que nous trouvons dans l’inconscience de notre incompétence un niveau satisfaisant pour satisfaire nos besoins. C’est bien souvent un élément extérieur qui va nous permettre de remettre en cause cette incompétence. C’est le début du travail sur soi. Quel niveau de compétences ais je besoin pour atteindre mon objectif ? Nous sommes là dans du Coaching et bien sûr en fonction de mon objectif, je vais me tourner vers une source d’enseignement de ces compétences.

2/ Incompétence consciente

La frontière est tenue entre les deux états d’incompétences car c’est notre propre jugement qui va nous pousser de l’un vers l’autre. A la fin de mon état d’incompétent inconscient, une lumière a surgi sous la forme d’un objectif… Et pour l’atteindre je dois modifier quelque chose ! Ce quelque chose n’est pas l’autre, nous sommes d’accord et il ne dépend que de moi de modifier ce quelque chose. Ce quelque chose m’appartient en tant qu’individu et soit je ne suis pas satisfait du résultat, soit ma vie devient un enfer, soit j’ai l’obligation de changer et pour cela je vais devoir effectuer un travail sur moi. Nous appellerons ce quelque chose mon niveau de compétence. Je sais que je ne sais pas mais cela ne me dit pas ou je vais trouver l’information pour monter en compétence.

Je reprends mes exemples qui servent de fil rouge :

Dans mon premier exemple, sachant que je vais prendre le bateau et qu’il est possible que celui-ci coule (exercice stoïcien du pire…) je vais apprendre à nager auprès d’un Maitre-Nageur… Ce professionnel reconnu diplômé ou certifié va m’apprendre les techniques qui me feront à minima flotter si tel est mon objectif. Si mon objectif est de nager sur un kilomètre, il m’apprendra à nager 40 longueurs de bassins en brasse ou en crawl. Si je lui demande de devenir champion de natation en eau froide il m’apprendra à nager puis m’enverra vers un spécialiste de la nage en eau froide pour m’enseigner le contrôle de mon corps.
Ecoutez les conversations lorsque l’équipe de France de Foot perd un match ! Nous avons des millions de sélectionneurs qui réorganisent le cours du jeu ce qui aurait sans aucun doute changer le cours du match.
 Enfin, dans mon troisième exemple, je sais que les CRM existent mais je vais trouver toutes les excuses pour éviter d’avoir à sortir de ce confort qui n’en est plus un. Un autre que moi aura lui choisit son CRM en fonction de ses besoins, trouver une formation et sera satisfait de son investissement.

Vous Savez que vous ne savez pas

Ici commence l’angoisse et la réflexion. Où et comment trouver l’information, laquelle est la bonne et bientôt votre cerveau va décider (généralement de qui vous rassure) et soit vous allez développer non pas une connaissance mais
une croyance à nouveau soit vous allez acquérir des compétences auprès d’un maitre-nageur…

Vous avez une expérience personnelle réussie donc votre expérience personnelle va être la solution pour tout le monde. C’est la croyance la plus répandue qui malheureusement fait tomber dans le piège de la fausse compétence non seulement la personne qui vient se former mais aussi le formateur qui s’enfonce dans son expérience pour répondre aux questions posées.
La taxonomie de Bloom nous permettra par le vocabulaire utilisé notamment de pouvoir repérer le niveau de compétences acquis.

Je reprends mes exemples

Ce n’est pas parce que vous savez nager 1000m en piscine chauffée que vous aurez la capacité de traverser la manche en hiver !
Ce n’est pas parce que vous avez entrainé l’équipe des minimes au club de foot de votre agglomération de commune dans le Berry que vous ferez un bon entraineur au niveau national équipe 1
Enfin ce n’est pas parce vous aurez appris à utiliser Tel logiciel de base en version free que vous connaitrez les subtilités d’un autre développé pour une utilisation métier payante !

3/compétences conscientes

Bien souvent nous marquons à ce stade une pause… et pourtant ! Nous sommes conscients que nos compétences sur le sujet sont d’un bon niveau et cela n’empêche pas le doute de survenir ! C’est en Coaching ce que nous appelons le syndrome de l’imposteur… Ou un professionnel met ses compétences en doute tant il lui semble surprenant de maitriser son sujet ! Une fois ce doute envolé (généralement par un succès dans un domaine associé à une formation complète et sérieuse) c’est l’étape la plus agréable. Rendez-vous compte, vous maitrisez votre sujet, êtes capable d’en parler de l’analyser de le synthétiser, de l’adapter aux besoins des autres…

Je reprends mes exemples qui servent de fil rouge :

Maintenant que je sais nager (j’ai pris l’option 40 longueurs) je peux prendre ce bateau et si une personne tombe à l’eau je suis conscient que je suis capable de la sauver en me jetant à l’eau à mon tout.
Dans mon second exemple, j’ai aussi appris que l’entraineur porte seul la responsabilité de ses choix, pourquoi donc les remettre en cause à postériori ! On gagnera la prochaine fois…
J’ai choisi d’être formé par un étudiant qui devait effectuer un stage en profite pour s’initier à mes métiers tout en me faisant gagner du temps en m’indiquant en fonction de mes besoins quel logiciel est le mieux pour moi. Finalement ce n’est pas si compliqué et ses démonstrations sont percutantes.

Vous savez que vous savez

Vous avez appris, compris, analysé et finalement vous êtes capable d’évaluer vos connaissances par rapport à une nouvelles information. C’est un stade où vous pouvez partager vos compétences et vos connaissances car l’apport que vous allez faire chez l’autre sera mesurable. En d’autres termes vous êtes en position de compléter le savoir naturel d’une personne.

4/ Compétences Inconscientes

Ces compétences sont tellement en vous que vous en oubliez qu’elles existent.
Vous avez besoin de la reconnaissance externe de vos compétences car pour vous, cela est naturel… L’inconvénient est que vous ne vous souvenez plus du parcours d’apprentissage, donc il vous est difficile d’aider d’autres personnes à acquérir ces compétences.

Si je fini avec mes exemples

Je suis sur le bateau mon ami hurle une femme est tombée à la mer… J’ai déjà plongé !
Je suis un passionné de foot et je suis capable de citer tous les joueurs qui seront sur la feuille de match avant l’annonce officielle ! et je sais qui seront les remplaçants.
Je manque de compétences pour terminer mon exemple de CRM !

Les compétences inconscientes sont parfois difficiles à retrouver dans votre panoplie de savoirs faire, de savoirs et de savoirs être ! Mais nous en avons tous beaucoup et parfois il faut juste apprendre à les croiser, à utiliser ce que vous saviez faire dans un domaine dans un autre domaine.

La compétence pour être transférable doit avoir atteint chez vous un degré supérieur. Ce que nous apprenons à l’école en mathématique par exemple nous l’approfondissons tous les jours avec nos courses notre calcul de monnaie rendue, dans nos vies d’entrepreneurs avec la TVA ou avec la différence entre remise globale et remises successives !

En conservant le modèle de Martin M BROADWELL, je vous propose de superposer la taxonomie de BLOOM construite sur les niveaux de compétence en forme de pyramide.

C’est avec cet outil que je construis mes programmes de formation, en gardant en tête le niveau auquel je dois amener mes apprenants. L’utilisation des verbes est une clé de déchiffrage d’un niveau de compétence et connaitre n’est pas utiliser !

Je vous propose de jouer avec moi et de parcourir sa pyramide établie en 1956 et
corrigée en 2001 par Anderson et Krathwohl.

Le 1er Niveau CONNAITRE

Le premier niveau, celui du bas, donc le plus simple est celui de l’acquisition de connaissance. Cela peut paraitre paradoxal car c’est sur ce niveau qu’étaient construits les programmes scolaires de mon époque. La posture est bien souvent déséquilibrée avec un apprenant en bas et un « sachant » en haut. Le cours est basé sur la mémorisation et pour cela plusieurs techniques sont possibles, de la lecture répétée jusqu’à chantonner ou l’apprentissage par séquences.

Les verbes associés à ce niveau sont :

Mémoriser, nommer identifier formuler citer lister enregistrer…

Connaitre ne suffit pas et nos facultés d’apprentissage « par cœur » ont tendance à disparaitre lorsqu’elles ne sont plus utilisées. Autant il nous était facile de mémoriser une poésie ou une table de multiplication (pour certains d’entre nous en tous cas) autant cet exercice est devenu très difficile 50 ans plus tard. Je prends l’exemple des tables de multiplication qu’il a fallu que j’apprenne par cœur sans savoir à quoi elles pourraient me servir ; de quoi être dégouté des maths ! Heureusement il existe des méthodes ludiques aujourd’hui pour apprendre les tables de multiplication.

Le 2eme Niveau COMPRENDRE

Peut-on comprendre sans apprendre ? Cette question a dû hanter l’esprit de plusieurs ministres de l’Education par le passé. Pourtant on sait aujourd’hui que si l’on comprend quelque chose on l’apprend (en tant que compétence) plus facilement. Comprendre une table de multiplication c’est comprendre l’utilisation d’une table de multiplication et donc à classer par paquet de 5 ou de 7 les billes ou les informations récoltées. Nous passons de la valeur unitaire à la valeur de groupe.

Les verbes associés à ce niveau d’apprentissage sont :

Reconnaître, associer, comparer, expliquer décrire…

Le 3eme Niveau APPLIQUER

Lorsque vous avez compris, vous pouvez appliquer votre savoir dans le domaine dans lequel vous avez appris ! Si je poursuis avec les tables de multiplication simples, vous les avez appris puis en créant des groupes vous avez compris et maintenant vous pouvez faire le lien avec la division c’est-à-dire répartir un ensemble en petits groupes similaires. Vous êtes donc capable en théorie d’équilibrer un chargement en fonction du poids global, de définir la taille d’un sac en fonction du nombre de billes. Mais dans la pratique il vous manque encore la phase d’expérience qui vous amènera à prendre en compte les facteurs extérieurs dans votre application. Un chargement de sacs mouillés pèse plus lourd que le même tas de sacs desséchées. Cela viendra avec l’analyse.

Les verbes associés sont :

Relier déterminer expérimenter résoudre Agir sur…

Le 4eme Niveau ANALYSER

Le 4eme niveau marque l’entrée dans le territoire de la maitrise de la compétence. Jusque-là, il s’agissait au mieux de répéter mais sans sortir du cadre d’apprentissage. Analyser c’est comprendre comment on a pu atteindre le résultat ! C’est donc être capable de décomposer une multiplication complexe en plusieurs multiplications simples pour garder mon exemple. Analyser permet de comprendre qui permet de prévoir…

Les verbes associés à ce niveau sont :

Concentrer Schématiser interpréter décomposer et bien sûr analyser

Le 5eme Niveau EVALUER (A l’origine Synthétiser)

L’évaluation est à prendre dans le sens de la correction de la notation par rapport à… Il s’agit de valider une compétence. C’est en formation un niveau très élevé et par rapport à la matrice de Martin Broadwell nous sommes potentiellement en phase 2 ou 3 alors que jusqu’à présent nous évoluions en phase 1 et dans certains cas en phase 2
Dans ma table de multiplication, non seulement j’ai la capacité de corriger les autres mais mon gout pour les chiffres et le jeu m’incite à me pencher sur des tables de multiplication pour m’attarder sur les chiffres. La table du 109 par exemple est un exemple. Sa lecture verticale nous apprend la construction simple du résultat.

109 X 1 =           1           0           9
109 X 2 =           2           1           8
109 X 3 =           3           2           7
109 X 4 =           4           3           6
109 X 5 =           5           4           5
109 X 6 =           6           5           4
109 X 7 =           7           6           3
109 X 8 =           8           7           2
109 X 9 =           9           8           1

Et cela continue…. A vous de jouer :

109 X 10 =         10         9           0
109 X 11 =         11         9           9
109 X 12 =         13         0           8
109 X 13 =         14         1           7
109 X 14 =         15         ?           ?
109 X 15 =         ?           3           ?
109 X 16 =         17         ?           4

Les verbes utilisés pour décrire le niveau d’apprentissage

Vérifier critiquer noter évaluer optimiser

Le 6eme Niveau CREER (A l’origine Evaluer)

C’est en fait mettre en pratique dans un ensemble cohérents des compétences pour créer une innovation. C’est se servir du passé pour construire quelque chose de meilleur. On est là dans la définition de la copie vue par les cultures dominantes en Asie ou l’acquis est une base de progrès.
Dans mon exemple sur les multiplications nous sommes maintenant au niveau de l’invention de l’algorithme de Karatstuba mathématicien soviétique qui en 1962 inventa une méthode pour calculer rapidement et manuellement de très grands nombres. Je vous livre la méthode trouvée sur Internet et que je ne connaissais absolument pas. (Repérer les nombres 2 par 2)

Ex : 1 234 x 4 567
= 12 x 45 x 104
+ (12 x 45 + 34 x 67 – (12 – 34) (45 – 67)) x 102
+ 34 x 67
= 5 635 678

Les verbes utilisés pour décrire le niveau d’apprentissage (au sens philosophique du terme)

Créer, innover, inventer, générer

Ma petite conclusion (en rapport avec mon actualité !)

Les verbes liés aux objectifs de formations et d’atteinte de compétences servent
aussi à évaluer les expertises acquises dans divers domaines. 

Ainsi une formation aux conduites addictives peut revêtir différents niveaux suivant que vous souhaitiez
savoir connaitre le domaine des addictions ou pouvoir évaluer le risque dans votre entreprise.

Il vous faudra alors avancer sur la taxonomie de Bloom pour atteindre un niveau
suffisant pour prendre les mesures de protection des salariés dans votre entreprise
Le détail se trouve dans les programmes de formation, parfois dans les documents joints en plus des programmes.

Ainsi avant de vous envoyer un programme de formation, je vais prendre 15 minutes
de votre temps pour connaitre vos souhaits en termes de montée en compétences pour adapter mes programmes…

Je vous souhaite de passer de très belles fêtes de fin d’année.

La newsletter reprendra en janvier avec un article sur le défi de janvier, cette opération qui consiste à ne pas consommer d’alcool pendant une période d’un mois…
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