Polyaddiction : quand les dépendances s’entremêlent

Transfert d’addiction : du tabac à la cocaïne en passant par l’alcool et les médicaments

Polyaddiction

Introduction

Les premières conduites addictives se dessinent souvent dès l’adolescence. Pour beaucoup, la cigarette et les boissons alcoolisées sont les premières substances psychoactives. Ainsi, près de 26,9 % des élèves entrant au collège (11–12 ans) ont déjà bu de l’alcool au moins une fois, et ce chiffre monte à 73,9 % en terminale. De même, l’âge moyen de la première cigarette se situe vers 14,5 ans, et l’initiation au cannabis vers 15,4 ans (Passage au lycée) avec l’abandon du rôle de « grand » pour redevenir le « petit » avec un besoin d’appartenance au mode des « Grands ». En d’autres termes, en France un collégien sur quatre a goûté à l’alcool dès 11–12 ans, et presque tous ont fumé leur première cigarette vers 14–15 ans. Ces premières expériences sont banales, un rite de passage dirait certains, mais elles posent les bases du cycle addictif. Par exemple, le cannabis est à 93,6 % consommé sous forme de joints, presque toujours mélangé au tabac, ce qui lie étroitement ces deux addictions chez les jeunes expérimentateurs à tel point que l’OFDT note que la très grande majorité des usagers de cannabis ont aussi fumé du tabac et ont développé une double dépendance….
Le plus souvent, ces substances « d’échauffement » – alcool, tabac, cannabis – ouvrent la voie. D’après l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT), l’âge d’initiation moyen est passé de 14,5 ans pour le tabac à 15,4 ans pour le cannabis. En pratique, tabac et alcool surviennent avant le cannabis moins de 5 % des collégiens de 6ème ont fumé une cigarette, contre 26,9 % ayant déjà bu, et le cannabis ne « décollera » massivement qu’au lycée (3,5 % en 4ème, 18,2 % en 2nde, 31,2 % en terminale). On note pour la consommation d’alcool la prédominance de l’expérimentation en famille. Il est courant d’inciter un très jeune enfant à « tremper son doigt » dans un verre pour gouter et participer aux festivités puis de l’autoriser plus tard vers l’âge de 11 ans à finir le fond d’un verre… Cette chronologie est confirmée par les enquêtes de santé publique : un collégien sur dix fume en 3ème, mais ils seront dix fois plus nombreux en fin de lycée. Au total, en âge de formation initiale, la banalité de l’expérimentation est trompeuse : elle prend ses racines tôt, puis s’amplifie. En formation en addictologie, j’insiste toujours sur ces données : il ne faut pas sous-estimer ce qui paraît « normal » à 17 ans (bronzette entre copains autour d’une bière) car pour certains, c’est le terreau des addictions futures.
risque psychosocial polyaddiction

Risques psychosociaux et relations dégradées :
facteurs aggravants

Mon expérience et de nombreuses études montrent que le travail exerce un effet paradoxal vis-à-vis des addictions. Avoir un emploi structure la vie, mais certaines conditions professionnelles peuvent aussi favoriser la consommation de substances psychoactives. En clair, l’isolement dans ses missions professionnelles, le stress excessif, le manque de soutien, les conflits et les relations humaines dégradées créent un climat propice à l’addiction.
Dans les enquêtes, les travailleurs mentionnent souvent ces facteurs comme moteurs de leurs consommations excessives. Par exemple, l’INRS répertorie parmi les contraintes de travail associées à la consommation : “stress”, “faible soutien au travail”, “harcèlement, brimades”, “longues heures”, “travail monotone”, etc. Ces conditions augmentent la tentation de «tenir » par la drogue ou l’alcool, ou encore de «couper » le stress en buvant. De la même manière, la détérioration des relations sociales au travail est un élément clé des risques psychosociaux. Les modèles de Karasek ou d’effort-récompense rappellent l’importance du soutien social et de la reconnaissance. Le site de l’INRS souligne qu’un “Rapports sociaux au travail dégradés” – qu’il s’agisse du manque de soutien des collègues ou de la hiérarchie, de l’absence de perspectives, de l’injustice – constitue un facteur de risque majeur. Addict’AIDE Pro décrit même la “pauvreté des relations professionnelles” (isolement, conflits non résolus, manque d’écoute) comme l’un des 6 facteurs psychosociaux favorisant l’usage de substances psychoactives au travail. Parmi celles-ci il y aura certes la cocaïne qui fait la une des journaux mais surtout des substances dont on ne parle pas comme le tabac, les benzodiazépines (anxiolytiques) mais aussi l’alcool et les médicaments antidouleurs (opioïdes).
En pratique, je constate chez les salariés en difficulté que le malaise relationnel et émotionnel du quotidien est souvent masqué par une « coupure » dans l’alcool ou la drogue. En formation, nous rappelons qu’après un burn-out ou un épisode de harcèlement, beaucoup compensent par l’alcool ou les somnifères. D’après l’INRS, 36,2 % des fumeurs réguliers et 13,2 % des consommateurs de cannabis ont eux-mêmes déclaré avoir “augmenté leurs consommations du fait de problèmes liés à leur travail ou à leur situation professionnelle”. Autrement dit, plus d’un tiers des salariés fumeurs reconnaissent boire davantage à cause du travail. Ces chiffres brossent le même constat que mon parcours personnel : les ambiances tendues au bureau et l’absence de soutien personnel sont des carburants pour l’addiction.

Comme le rappelle la MILDECA, ce ne sont pas « que des pratiques isolées et individuelles » : les addictions au travail sont un fait social dont « certaines formes d’organisation et de relations de travail » sont les racines. En somme, affaiblir les liens sociaux et l’estime de soi au travail accroît le risque que les comportements addictifs émergent.

Poly consommations en milieu professionnel

Une fois enrôlé dans l’engrenage, l’addict ne s’en tient souvent pas à une seule substance. La poly consommation, c’est-à-dire l’usage simultané ou alterné de plusieurs produits psychoactifs, est courante. L’INRS la définit comme la consommation régulière d’au moins deux substances. Le cas le plus fréquent en population générale est l’association alcool + tabac : environ 6 % de la population adulte les consomment ensemble. Mais au travail, d’autres mélanges voient le jour : alcool–tabac–cannabis (plusieurs substances en même temps), ecstasy–cannabis, alcool–cocaïne…. En formation, j’explique toujours qu’ajouter un produit à un autre multiplie les risques. Les effets des substances psychoactives ne s’additionnent pas ils se multiplient, accroissant ainsi les risques pour la santé et la sécurité. Cette tendance se vérifie dans les enquêtes : Addict’AIDE signale que “l’addiction concerne le plus souvent, chez une même personne, plusieurs produits (poly consommation)”. Autrement dit, il est courant qu’un salarié augmente son usage de tabac le matin, de caféine en journée, d’alcool le soir et prenne parfois des médicaments pour dormir. Certains environnements professionnels accentuent ces cumuls (travail de nuit + alcool, métiers du spectacle + stimulants, etc.). Par exemple, les cohortes de Constantes montrent que les ouvriers et employés présentent à la fois un fort tabagisme et une part significative de consommation d’alcool dangereuse.

En synthèse, les salariés mélangent souvent différentes conduites addictives pour s’adapter à leur rythme de travail ou à leur état de stress. Cela peut aller jusqu’à consommer alcool + tabac + cocaïne dans des périodes de surmenage, et ajouter du cannabis ou des anxiolytiques pour réguler l’angoisse du lendemain. Ces formules de consommation multiples rendent la prévention complexe : chaque comportement est potentiellement amplifié par l’autre. De ce fait la personne est sous effets constants de substances et perd peu à peu les liens avec la réalité qui l’entoure. La diminution de l’effet d’un produit va engendrer l’augmentation des volumes consommés puis pour échapper à l’absence d’effet va conduire à la consommation d’un autre produit.

Roger multi addiction

Histoire de Roger : d’une dépendance à l’autre

Pour illustrer ce parcours, voici l’histoire fictive de Roger

Roger est un personnage qui vient illustrer mes ateliers et mes formations tantôt seul tantôt avec sa collègue Irène… Voici son histoire : «  Mon histoire ? Elle a commencé très tôt… Dès le collège, les premières cigarettes et les premiers verres ont fait irruption dans ma vie. Comme beaucoup d’élèves de 6ème, j’ai goûté à l’alcool à 12 ans lors d’un anniversaire d’un ami, un plus grand que moi qui devait être en 4ème. L’odeur de la bière m’a grisé. Peu de temps après, un autre ami m’en a proposé alors j’ai tiré sur ma première cigarette. Je n’ai pas compris tout de suite qu’il cherchait juste une personne plus innocente pour valider son propre comportement, moi je croyais que c’était un signe d’acceptation dans sa bande… Ces sensations de chaleur immédiate m’ont marqué. Au lycée, l’alcool est devenu une routine du weekend – j’étais alors un parmi les autres élèves de terminale ayant déjà expérimenté cette substance. À 18 ans, je fumais un paquet de cigarettes par jour pour « me détendre après les cours » ».

Alcool et Tabac

« Les années passant, ma tolérance a augmenté. Je buvais toujours davantage, et à 22 ans j’avais l’alcool pour compagnon quasi quotidien. Mon corps s’y habituait : je m’en rendais compte quand j’avalais l’équivalent d’une vingtaine de verres d’alcool fort en soirée sans flancher – du jamais vu dans mon entourage. Je n’étais pas le seul mais à ce jeu j’étais le plus fort L’étude Constances (2010) signalait déjà qu’environ 22 % des hommes ouvriers ou employés avaient un usage d’alcool à risque. De la même façon, mon tabagisme avait pris de l’ampleur : Depuis mes premières cigarettes, j’étais accro, fumant mon paquet et demi par jour sans m’en apercevoir. Je sais aujourd’hui que ce chemin était pavé de fumée et de buée alcoolisée – d’autant plus que, l’alcool et le tabac sont l’association la plus fréquente en général. Dans l’effervescence des soirées étudiantes et plus tard en boîte, j’ai aussi mélangé mes gorgées avec de la fumée de joint ou quelques cachets pour prolonger les soirées, réalisant trop tard à quel point la dépendance s’était installée. »

Alcool, Tabac et Cannabis

« Dans ma trentaine, l’ennui et la pression au travail me poussaient vers d’autres substances. C’est alors que le cannabis a fait irruption. Sous prétexte de me « détendre » après une semaine de surmenage, je me mettais à rouler des joints presque tous les vendredis soir. Je n’inventais rien : selon l’enquête ESCAPAD, 93,6 % des usagers de cannabis fument un joint souvent mélangé au tabac lors de leur dernière consommation. Comme la majorité des jeunes, je mélangeais donc la beuh au tabac, renforçant en moi cette double addiction. Je fumais plusieurs fois par semaine, et l’herbe – jointe à mon alcool – aidait à oublier mes tensions. Je suis passé du statut d’expérimentateur au consommateur régulier, un chemin classique pour les 31,2 % des lycéens qui ont expérimenté le cannabis en terminale. L’effet était d’abord euphorisant, comme pour tous les usagers pense-t-on, mais il y avait aussi ce cocktail dangereux avec l’alcool ou d’autres produits inconnus… : après ces soirées « relax », je m’effondrais de fatigue. Cette boucle infernale – alcool le weekend et cannabis pour atténuer la peur du lendemain – était un exemple de poly consommation classique.

Alcool, Tabac, Cannabis et Cocaïne

« Travaillant beaucoup, je cherchais toujours plus d’énergie et de confiance en moi. C’est pourquoi j’ai tenté la cocaïne. D’abord occasionnellement lors de fêtes, très vite j’ai accroché à cette montée de puissance. L’adrénaline brute de la cocaïne me semblait le remède parfait contre la fatigue accumulée par l’alcool et le cannabis. Dans mon cas, l’association alcool-cocaïne m’a souvent « boosté » pour travailler la journée après des nuits blanches de fêtes qui s’accumulaient. C’était une fausse bonne idée – j’en étais conscient –, car cette combinaison est connue pour être particulièrement nocive. Mon foie, je l’ai appris plus tard, produisait du coca éthylène une substance due à une consommation des deux substances. Mélanger plusieurs substances (ici stimulant et dépresseurs) fait que leurs effets se surajoutent et surchargent l’organisme. Moralité pour moi : je devenais incontrôlable, à la fois euphoriques et irritable. À ce stade, mon médecin du travail a commencé à s’inquiéter. Il m’a diagnostiqué un trouble anxio-dépressif masqué par cette spirale de substances.

Alcool, Tabac, Cannabis, Cocaïne et Anxiolytiques

« Finalement, à force d’excès, mon corps m’a fait défaut. Mon médecin m’a prescrit des benzodiazépines pour calmer mes angoisses nocturnes et mes insomnies. C’était une délivrance immédiate, et j’en suis rapidement devenu dépendant aussi. En parallèle, d’autres collègues sous pression prennent eux aussi des anxiolytiques – d’après l’INRS, certains travailleurs recourent aux psychotropes ‘pour compenser une souffrance psychique ou physique’ et d’autres s’en servent comme ‘dopant’ pour rester productifs. J’étais dans ce lot : debout la nuit à réviser mes dossiers, je m’acharnais sur ces cachets pour tenir le coup. La pilule pseudo-miracle me maintenait “enthousiaste, fiable et productif” mais à quel prix… Au fil du temps, j’ai perdu tout contrôle : je cumule les substances pour gérer chaque facette de mon malaise (stress, détresse, désir de performance). Ce qui avait commencé par un joint gentillet avec des potes a abouti à ce cocktail infernal.

Fin de l’histoire… ou pas ?

Roger à finit par entendre les personnes qui lui parlaient non pas de ses consommations mais des conséquences de celles-ci. Il a bénéficié d’un arrêt maladie assez long pour assurer un sevrage et suivre en même temps qu’une reprise de travail progressive et aménagée une psychothérapie. Il va bien, a reconstruit son entourage personnel, et pour rien au monde ne changerai d’entreprise qui a su l’amener vers sa nouvelle vie. Il est redevenu très performant et son expérience adossée à une motivation retrouvée lui permets de retrouver l’année prochaine un poste d’encadrement technique dans son entreprise…

addiction comportement révélateur de mal être

Sous les addictions : comportements révélateurs d’un mal-être

Au-delà des substances classiques, d’autres conduites addictives sont les échos d’un mal-être profond. Ces comportements mènent souvent au même engrenage. Trois illustrations fréquentes en entreprise sont :

Richesse et jeux d’argent :

Le besoin de gagner de l’argent rapidement peut se traduire par une addiction au jeu. Plus d’un salarié sur deux joue à des jeux de hasard et d’argent au moins ponctuellement, ce qui reflète la quête de fortune facile. Par exemple, le baromètre OFDT 2023 indique que 51,6 % des adultes français ont joué au cours de l’année. Un collaborateur en souffrance peut ainsi transformer l’illusion de richesse en une dépendance aux loteries ou aux paris en ligne, cherchant à combler un sentiment d’échec financier.

Performance et bigorexie/addiction sexuelle :

Le désir d’excellence au travail peut se muer en nécessité de se dépasser physiquement ou sexuellement. Parmi mes connaissances, certains sont devenus workaholiques (dépendance au travail), mais d’autres ont glissé vers la bigorexie (obsession sportive) ou la surconsommation sexuelle. En effet, la pression de la performance peut faire basculer l’énergie vitale vers le corps et la sexualité. L’addiction sexuelle est décrite comme une quête compulsive de gratification immédiate, dissociée d’un besoin d’amour ou de reconnaissance. Autrement dit, elle nourrit un vide intérieur par des pulsions compulsives. J’ai connu des managers qui passaient leurs weekends en marathon sportif (bigorexie) ou dans des relations chaotiques cherchant le frisson : dans tous les cas, ce n’était pas l’amour ou la santé qui les guidaient, mais l’adrénaline et la reconnaissance de leur puissance.

Reconnaissance et dépendance affective :

Enfin, certains comblent leur manque de reconnaissance par un attachement toxique aux autres. On parle de dépendance affective : un besoin constant d’approbation et d’amour pour se sentir exister. Comme le soulignent des cliniciens, c’est « un vide originel… qu’on tente de combler à coups de présences, d’approbations, de liens fusionnels souvent toxiques ». Au bureau, cela se manifeste par exemple par une quête obsessionnelle de l’approbation du chef, ou par des relations de couple fébriles influant sur le travail… Résultat, une anxiété permanente et la peur de l’abandon professionnel. Ce cercle vicieux émotionnel est exactement la dépendance affective qu’évoque la littérature.
En somme, que ce soit par l’argent, la performance ou l’amour, ces comportements sont autant de palliatifs à un mal-être sous-jacent, souvent reliés à nos conduites addictives.

Au-delà des formes que peuvent prendre la dépendance et l’addiction, des besoins d’effets ou des manques qui habitent chacun de nous, nous irons rechercher dans un prochain article les facteurs de risques car si beaucoup de personnes consomment la perte de contrôle, l’impossibilité de se maitriser accompagnée d’un syndrome de sevrage dans cette activité devenue compulsion qui engendre des conséquences négatives ne touche qu’une partie des personnes.

prévenir pour enrayer les addictions

Prévenir pour enrayer le phénomène

La prévention est le remède ultime contre cette cascade de dépendances. Visuellement déjà, la sensibilisation joue un grand rôle : par exemple, en complément à l’affichage réglementaire, un poster comme celui proposé par l’INRS « Alcool et travail : un mélange dangereux» interpelle immédiatement le salarié et le fait réfléchir au préalable à sa consommation. Dans mon travail de formateur, je fais précisément cela : je montre ces messages simples pour faire prendre conscience que l’alcool au boulot n’est pas anodin. Au-delà des visuels, la stratégie de prévention en entreprise est multiple. Le premier niveau est bien entendu d’intégrer le risque addictif dans le Document Unique d’Évaluation des Risques (DUERP) de l’entreprise. A partir du moment où le risque est identifié, alors on peut appliquer les principes de prévention des risques dont l’inscription de mesures au Règlement Intérieur. Cette démarche fera l’objet de discussions avec les membres du CSE afin d’en expliquer les objectifs. Parmi les mesures de prévention à inscrire figurent la formation des managers et du personnel de santé au travail, la mise en place de tests d’alcoolémie ou de dépistages ciblés, et la réduction de la disponibilité des produits (politique antitabac stricte, alcool interdit sur le lieu de travail, etc.). Puis viendront les mesure pratiques de sensibilisation avec des actions collectives régulières des parcours d’intégration incluant les risques (ateliers, accords d’entreprise) et la création d’un espace de parole et d’accompagnement vers le soin afin de ne pas uniquement mettre en place une seule politique basée sur la seule sanction individuelle.

En pratique, il s’agit aussi de repérer le mal-être en amont : amélioration des conditions de travail pour diminuer les RPS, entretien régulier avec la santé au travail, soutien psychologique accessible, etc. Une enquête menée en 2020 en période de confinement a montré que 31 % des salariés se sentaient isolés, ce qui avait déjà fait augmenter leur consommation de tabac et de psychotropes. Cela illustre à quel point la prévention passe aussi par le maintien des liens sociaux au travail (télétravail accompagné, vie de bureau épanouie, gestion de charge), car combattre l’isolement, c’est éviter qu’il ne se transforme en dépendance. Les programmes de prévention en entreprise que je mets en place préconisent de mobiliser différentes ressources complémentaires sur un temps long : médecins du travail formés à la problématique addictive, comités sociaux et économiques impliqués, éventuelle présence de mutuelles sensibilisées, etc.

Conclusion

J’en appelle à la responsabilité collective et individuelle. Chaque cas comme celui de Roger montre que le transfert d’addiction n’est pas un phénomène irréversible. Au contraire, la prévention et le soutien peuvent rompre le cercle vicieux. Comme formateur, je partage ces données récentes et ces histoires pour qu’un DRH ou un responsable QHSE comprenne : l’addiction au travail est un indicateur de souffrance qu’il faut traiter avec autant d’attention qu’un accident physique. Une politique active – information, écoute, dépistage, remédiation psychosociale – est indispensable pour enrayer ce phénomène. La sécurité au travail ne se limite pas aux machines : elle inclut la qualité de l’environnement psychosocial et la prise en compte des conduites addictives comme risques professionnels à part entière.

Nous abordons cette thématique avec la rigueur issue de nos expériences personnelles ce qui renforce nos actions de sensibilisation, de formation et d’accompagnement.

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