La consommation excessive d'alcool en France et ses répercussions sur la vie de l'entreprise

Alcool, alcoolisme, addiction, comportement et symptômes

1. Définition scientifique de la consommation excessive d'alcool

La consommation excessive d’alcool, également appelée trouble de l’usage d’alcool (TUA), est un problème de santé publique majeur en France. Elle se caractérise par une consommation d’alcool qui dépasse les recommandations sanitaires et qui entraîne des conséquences négatives sur la santé, le bien-être et le fonctionnement social de l’individu. Santé Publique France propose une consommation d’alcool à moindre risque définie par un maximum de 2 verres par jour sur une période de 5 jours suivis de 2 jours sans alcool. Cela revient à ne pas consommer d’alcool pendant une période de 104 jours dans l’année, également répartis.

Un verre standard en France contient environ 10 grammes d'alcool pur, quelle que soit la boisson alcoolisée. Cette mesure tient compte de la densité de l’alcool et de la taille des verres servis dans les débits de boisson. Bien entendu, cette mesure s’avère plus difficile à suivre pour les verres servis à la maison…

L’OMS a par ailleurs répertorié dans un document de juin 2024 les risques associés à une consommation d’alcool même « à moindre risque » : Le fait de boire de l’alcool est associé à des risques de développer des maladies non transmissibles telles que des maladies hépatiques, des cardiopathies et différents types de cancers, ainsi que des problèmes de santé mentale ou comportementaux comme la dépression, l’anxiété et les troubles liés à la consommation d’alcool. On estime que 474 000 décès dus à des maladies cardiovasculaires étaient causés par la consommation d’alcool en 2019 au niveau mondial.
L’alcool est un agent cancérogène établi, et sa consommation majore le risque de plusieurs cancers, notamment ceux du sein, du foie, de la tête et du cou, de l’œsophage et le cancer colorectal. En 2019, 4,4 % des cancers diagnostiqués dans le monde et 401 000 décès par cancer étaient imputables à la consommation d’alcool. Les consommateurs d’alcool ne sont pas les seuls à en subir les préjudices, également importants pour autrui. Ainsi, une part importante de la charge de morbidité attribuable à l’alcool tient aux traumatismes, notamment ceux subis lors d’accidents de la route.

En 2019, sur un total de 298 000 décès dus à des accidents de la route liés à l’alcool, 156 000 décès étaient causés par la consommation d’alcool d’un tiers.

Les autres traumatismes en cause, intentionnels ou non, concernent les chutes, les noyades, les brûlures, les agressions sexuelles, la violence au sein du couple et le suicide. Une relation de cause à effet a été établie entre la consommation d’alcool et l’incidence ou l’évolution de maladies infectieuses telles que la tuberculose et l’infection au VIH. La consommation d’alcool pendant la grossesse augmente le risque que son enfant soit atteint de troubles du spectre de l’alcoolisation fœtale (TSAF). La forme la plus grave en est le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF), qui est associé à des troubles du développement et à des malformations congénitales. La consommation d’alcool pendant la grossesse peut aussi majorer le risque de complications de la prématurité (y compris la fausse couche, la mortinaissance et l’accouchement prématuré).
Les jeunes sont touchés de manière disproportionnée par la consommation d’alcool : en 2019, c’est chez les personnes âgées de 20 à 39 ans que la proportion des décès attribuables à l’alcool était la plus élevée (13 %). À long terme, la consommation d’alcool à des niveaux nocifs peut entraîner des problèmes sociaux, notamment des difficultés familiales ou professionnelles et le chômage. »

2. Cadre juridique, réglementaire et de gestion des risques dans l'entreprise.

Le cadre juridique concernant l'alcool en entreprise est défini par le Code du travail :

    • L’employeur est responsable de la santé et de la sécurité de ses salariés (Article L4121-1).
    • L’introduction et la consommation d’alcool sur le lieu de travail peuvent être réglementées par le règlement intérieur (Article R4228-20).
    • Le salarié a l’obligation de prendre soin de sa santé et de celle de ses collègues (Article L4122-1).

Le cadre réglementaire concernant l’alcool sur le lieu de travail doit faire partie du règlement intérieur de chaque établissement. Parmi les mesures prises par l’entreprise doivent figurer :

    • Les mesures à prendre en cas d’urgence liée à un état d’ébriété sur le lieu de travail.
    • L’échelle des sanctions pouvant être prises à l’encontre d’un salarié.
    • Modalités d’un contrôle d’alcoolémie en entreprise :

○  Le contrôle d’alcoolémie en entreprise est encadré par des règles strictes :

○ Il doit être prévu par le règlement intérieur.

○  Il ne peut être effectué que pour prévenir ou faire cesser une situation dangereuse.

○  Le salarié doit pouvoir contester le résultat par une contre-expertise.

○  Le contrôle doit être effectué dans le respect de la dignité et de l’intimité du salarié.

Les risques sont identifiés, mesurés et des mesures de prévention sont conduites pour les réduire :

    • Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) établi en tenant compte du risque de conduite addictive et donc de la consommation d’alcool. Ce n’est pas la consommation qui est un risque mais les effets de celle-ci. C’est donc l’état d’ébriété au travail qui est un risque à prendre en compte, quel que soit le lieu de la consommation.
    • Le plan d’action qui doit être la suite logique d’un DUERP et qui bien entendu prend en compte les risques établis pour les réduire. Les ateliers de prévention, les formations spécifiques sur le risque alcool sont essentiels.

3. Repérage d'un trouble de l'usage d'alcool ou d'une consommation excessive

Signes physiques :

    • Haleine alcoolisée fréquente (pas uniquement après le déjeuner !)
    • Tremblements des mains (pas uniquement lorsque la personne est en colère 😉)
    • Rougeur du visage (rien à voir avec le coup de soleil !)
    • Troubles de l’équilibre (même sans grand vent !)

Signes comportementaux :

    • Absentéisme répété ou retards fréquents (ah, les enfants, la grand-mère et les autres… tous responsables !)
    • Baisse de la productivité (grosse fatigue !)
    • Irritabilité ou sautes d’humeur (attention, sujet très sérieux… de la violence verbale aux violences physiques, il n’y a qu’un pas !)
    • Isolement social (syndrome de l’incompris(e) ou de Calimero)

⚠️​ Exemples de paroles et gestes :

« Je ne peux pas m’arrêter après un seul verre ou son contraire »
(moi j’arrête quand je veux !)

« J’ai besoin d’un verre pour me détendre après le travail »
(Attention à la taille du verre…)

Cacher de l’alcool dans son bureau ou son casier
(La bouteille d’eau n’est pas forcément de l’eau… Histoire vraie)

Boire en cachette pendant les pauses
(la taille des flashs de 20cl est parfaite pour agrémenter les pauses WC)

Le questionnaire AUDIT (Alcohol Use Disorders Identification Test) est un outil validé pour le repérage des consommations excessives d’alcool en milieu professionnel. Il comprend 10 questions simples et permet d’évaluer rapidement le niveau de risque lié à la consommation d’alcool.

4. Conséquences de l'alcoolisme pour la personne

Tout le monde le sait depuis des décennies mais cela ne change malheureusement pas grand-chose… Aussi je ne m’attarderai pas sur ce chapitre préférant vous renvoyer vers l’article écrit sur le Déni qui explique en grande partie pourquoi le changement est si difficile… L’alcoolisme a des répercussions graves sur la santé physique et mentale de l’individu :

Santé physique :

  • Maladies hépatiques (cirrhose) et pancréatite douloureuse
  • Risque accru de cancers (foie, bouche, œsophage)
  • Troubles cardiovasculaires
  • Troubles neurologiques

Santé mentale :

  • Dépression et anxiété
  • Troubles cognitifs
  • Risque accru de suicide

Vie sociale et professionnelle :

  • Difficultés relationnelles
  • Problèmes financiers
  • Risque de perte d’emploi

5. Conséquences pour les collègues de travail

C’est pour moi un angle d’approche à privilégier dans les entreprises Toutefois avant d’accepter de parler d’un sujet qui reste très tabou, il convient de définir dans l’entreprise le cadre d’accompagnement des salariés concernés et collègues concernés. La présence d’un collègue dépendant à l’alcool peut avoir des répercussions significatives sur l’équipe de travail :
Conséquence d'alcool au travail - entreprise - dépendance alcoolisme

Impact sur la productivité :

➤ Augmentation de la charge de travail pour compenser les absences ou la baisse de productivité. Cela peut entrainer plus de fatigue, de stress et mener les personnes concernées vers le Burn out. Pour l’entreprise c’est la multiplication de l’absentéisme de longue durée.
➤ Risque d'erreurs ou d'accidents accru. Inutile de rappeler le cout social humain et financier des accidents de travail.

Climat de travail :

➤ Tensions et conflits au sein de l'équipe. La fatigue « des aidants » peut mener vers une forme de violence…
➤ Stress et anxiété liés à l'incertitude du comportement du collègue. Travailler avec la peur au ventre ne fait pas partie de conditions propices à l’amélioration des conditions de travail.

Sécurité :

➤ Risque accru d'accidents du travail (Pour rappel l’alcool est une substance psychoactive qui modifie la perception de l’environnement.)
➤ Mise en danger des collègues et des clients

Pour préserver leur propre bien-être, les collègues peuvent :

➤ Communiquer leurs inquiétudes à des personnes dans l’entreprise, membres du CSE ou salariés SST. C’est tout le sens des Tuteurs de Résilience formés grâce à l’association Envie 2 Résilience.
➤ Maintenir des limites professionnelles claires. Non, tout n’est pas acceptable et il convient d’encourager leur collègue à chercher de l'aide sans pour autant prendre en charge sa problématique

6. Aider une personne à sortir de sa consommation excessive d'alcool

La prise en charge d’une personne souffrant d’un trouble de l’usage de l’alcool nécessite un travail en équipe et une approche multidisciplinaire :

Intervention précoce :

  • Aborder le sujet de manière bienveillante et sans jugement dès les premiers signaux faibles ou les premiers signes visibles d’un usage problématique d’alcool.
  • Proposer une évaluation par le médecin du travail, ou le médecin généraliste avec des analyses sur les principaux marqueurs biologiques. Ces résultats serviront à enrichir les futures discussions avec le salarié.

Orientation vers des professionnels de santé :

  • Les CSAPA (Centres de Soin d’Accompagnement et de prévention des Addictions).
  • Le Médecin Addictologue exerçant en libéral, en consultation hospitalière ou en CSAPA.
  • Psychologue clinicien pour envisager une modification comportementale.

Soutien dans le milieu professionnel :

  • Aménagement du poste de travail si nécessaire en lien avec les services de médecine du travail.
  • Accompagnement par les services de santé au travail qui peuvent coordonner les différents acteurs.

Soutien dans le milieu professionnel :

    • Bien qu’il existe plusieurs associations, Alcooliques Anonymes, la plus connue des associations demeure indépendante depuis sa création et offre une panoplie de service allant des réunions au parrainage (lien privilégié avec un autre dépendant permettant un soutien entre pairs). Il est proposé un programme de rétablissement par la parole et l’échange d’expériences.
    • Il existe bien entendu des associations pour les proches, notamment AL ANON & AL ATEEN pour les familles et les adolescents en souffrance du fait de l’alcoolisme d’un proche. Tout comme les Alcooliques Anonymes, les réunions entre pairs se font en présentiel ou en visioconférence à intervalle réguliers.

Pour Conclure

La prévention et la gestion des problèmes liés à l’alcool en entreprise nécessitent une approche globale et coordonnée impliquant tous les acteurs de l’entreprise. La sensibilisation, le repérage précoce et l’accompagnement des personnes en difficulté sont essentiels pour préserver la santé des salariés et la performance de l’entreprise. C’est pourquoi Ker & Co a développer une approche transversale en entreprise et noué des partenariat avec différents acteurs dont la médecine du travail, certains acteurs de la prévention, des juristes et avocats afin de proposer une réponse globale à cette problématique au travail.

Nous abordons cette thématique avec la rigueur issue de nos expériences personnelles ce qui renforce nos actions de sensibilisation, de formation et d’accompagnement.

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